Edito de Pierre Siquier – Février 2019

 

La perte du lien social est un des moteurs du mouvement des gilets jaunes et les commentateurs sont donc tentés de faire un constat global très négatif.

Or il se trouve que les organisations faisant appel à la générosité du public incarnent depuis de longues années la prise en compte de ce lien social, en particulier pour les plus défavorisés et notamment grâce à leurs réseaux de donateurs et de bénévoles dont l’importance est réelle. Nous contribuons pleinement à l’esprit du mouvement associatif qui réunit quelques 22 millions de bénévoles, de toutes catégories socio-professionnelles et de tous horizons.

Ces bénévoles sont les grands oubliés du débat actuel, ils sont sur le terrain, ils sont hyper motivés et nous ne rendons pas assez hommage à leur discrétion doublée d’une grande efficacité.

 

Si l’année 2018 a montré une baisse significative des dons, il n’est en pas moins vrai que nos organisations ont continué à développer leurs missions sociales.

La générosité tient une part importante, prépondérante parfois, exclusive dans certains cas, dans le financement des missions sociales de nos associations et fondations.

Si pour certaines organisations, particulièrement dans le champ médico-social (gestionnaires d’établissements et de services), la place de la générosité peut paraître modeste en pourcentage, elle représente des masses importantes. Elle peut être décisive dans le financement de certaines causes (protection des animaux et de l’environnement, droits humains), de certains programmes (recherche fondamentale, recherche sur les maladies rares) ou pour accompagner certains bénéficiaires (aides aux plus démunis, personnes en situation de handicap, minorités, etc.).

 

La générosité est un espace de liberté et d’innovation. Le don et l’action bénévole sont au cœur de l’implication de nos concitoyens pour ces causes qui les concernent. Il suffit de constater la mobilisation en nombre lors des grandes opérations de collecte, de suivre les équipes de maraudes dans les rues, ou les bénévoles qui accompagnent les personnes en fin de vie, pour comprendre que notre contrat social existe encore quoi qu’on en dise, même si une partie de la population en souffrance n’est pas touchée par ces actions.

 

Dans le grand débat national, nous souhaitons réaffirmer le rôle de nos organisations liées à la générosité du public. Assumons ensemble que l’Etat ne peut pas tout faire et que les acteurs de la société civile sont indispensables pour traiter certaines problématiques de notre société. L’Etat est le garant de l’intérêt général et non l’opérateur. Faisons confiance à nos organisations, maintenons un dispositif fiscal stable et clair permettant ainsi d’amplifier et d’élargir les missions sociales actuelles. En s’appuyant sur ceux qui sont sur le terrain, au contact de tous ces enjeux très concrets pour l’avenir de notre pays, nous pouvons redonner du sens au vivre-ensemble pour un lien social encore plus fort. Nos associations et nos fondations, avec tous leurs bénévoles, leurs donateurs et leurs salariés, construisent déjà ce nouveau monde que tout le monde attend, plus attentif à l’autre et plus juste.

 

Pierre Siquier

Président de France Générosités