Rapport Blockchain for Good 2022 – Objectifs de Développement Durable (ODD)
Publié le 06.10.2022
Les projets de blockchains non profit peuvent elles répondre aux objectifs de développement durable ? Étude de 424 pages sur 107 initiatives de Blockchain for Good avec un focus sur le fundraising et la philanthropie.
L’association Blockchain for Good vient de publier un nouveau rapport (suite à celui de juin 2020) afin de savoir si et comment les blockchains pourraient permettre d’accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable. Au sein de ce rapport de 424 pages (pas moins !), nous allons plus particulièrement nous intéresser aux liens entre Blockchain et philanthropie, abordé à partir de la page 300 en se basant sur les exemples de 31 projets actifs à ce jour sur ce sujet (parmi 107 projets lancés). Explications.
1. Quelle est l’origine des projets de blockchains pour les organisations à but non lucratif ?
Le rapport démontre que les relations entre associations et entreprises de la blockchain ou du bitcoin remontent en réalité à plusieurs années, dès 2013, plusieurs échanges se sont mis en place. Par exemple en 2014, l’OBNL américaine The Water Project avait lancé son compte de cryptomonnaie sur Coinbase mais là dans un objectif de long terme où certains bitcoins ne seront convertis qu’en 2025.
Bien évidemment, si nous devons parler des premiers projets novateurs de blockchain pour des OSBL / OBNL, nous devons évoquer comme le fait le rapport le cas de l‘UNICEF qui dès 2016 a créé son fond de capital-risque pour investir en cryptomonnaie sur des start-up d’innovations technologiques dans des marchés émergents. En 2018, le fond comptait déjà 72 investissements sur des projets de data science, de l’IA des blockchains ou encore de l’Extended Reality. Ce qui a poussé d’autres organisations des Nations Unis a reproduire des projets de blockchain.
Un très bel exemple est également celui du Programme alimentaire mondial qui en 2017 a lancé Building Blocks. Une initiative pour authentifier et enregistrer l’aide humanitaire vers des bénéficiaires sans passer par des intermédiaires financiers. Le programme qui a été étendu comme à plus de 100 000 bénéficiaires dans des camps de réfugiés syrien en 2018. Ce programme a permis d’éviter 2,4 millions de dollars de frais bancaires, assez intéressant pour nos organisations d’intérêt général ! Toutes les explications du mécanisme qui a permis cette économie sont disponibles dans le rapport complet.
Un autre exemple des possibilités offertes par la Blockchain vient de l’initiative Unblocked Cash, qui est une solution d’assistance en espères et en bons d’achat basé sur Etherum et Celo, développé par Oxfam, Semp et ConsenSys. L’objectif est de pouvoir fournir “une aide financière rapide, efficace et transparente pour les secours en cas de catastrophes” humanitaires. En 6 mois de l’initiative en Australie, cette solution a permis de distribuer 2,6 millions de dollars australiens et 95 000 transactions financières. Selon Oxfam, ce sont plus de 20 000 personnes vivant dans 13 îles et 20 conseils municipaux du Vanuatu, soit 13 % de la population totale des zones ciblées qui ont pu bénéficier de ce programme.
De nombreux autres exemples et précisions sur ces projets sont donnés dans le rapport complet.
2. Et pour le don grâce à la blockchain for good ?
Là aussi, le rapport de Blockchain for Good présente les nombreux avantages au don par la blockchain qui permet d’éviter les frais administratifs, les frais de transaction prélevés sur les dons, les nombreux intermédiaires et permet aussi de mieux suivre comment les financements sont utilisés par les bénéficiaires locaux. De nombreuses organisations se sont mises à recevoir des dons en crypto-actifs dès 2013 révèle le rapport, avec l’exemple de l’association BitGive aux Etats Unis, dont la première collecte de dons fut au profit de Save The Children pour les victimes du typhon aux Philippines la même année. D’autres initiatives vont alors suivre comme Code to Inspire, Heifer international, Black Girls.
Des plateformes de don de crypto-actifs :
En 2015, BitGive lance GiveTrack, une plateforme de dons destinée aux organisations à but non lucratif, “afin d’offrir transparence et responsabilité aux donateurs en partageant les informations financières et les résultats directs des projets en temps réel”. GiveTrack est une plateforme de crowdfunding qui permet aux donateurs de suivre leurs dons selon le projet financé, et pour les bénéficiaires de rendre compte de sa réalisation.
D’autres plateformes se sont lancées sur les dons de cryptomonnaie et crypto-actifs pour les OBNL, comme The Giving Block ou Engiven. Pour se rendre compte de l’ampleur de ces plateformes, The Giving block référence plus de 1000 organisations d’intérêt général avec 42 crypto-actifs différentes !
3. Et la DAO pour le fundraising ? Exemple avec Giveth
Les organisations autonomes décentralisées (en anglais DAO) offrent de nombreuses opportunités de développement pour le secteur du non profit, de l’intérêt général. Un très bel exemple est celui de la plateforme Giveth, fondée en 2016 en Espagne, en open source sur la blockchain Etherum et qui permet selon les créateurs “un haut niveau de transparence et de responsabilité envers les donateurs”. Ils ont créé une application décentralisée de don (DApp) en réunissant des donateurs, des responsables de la communauté, des directeurs d’ONG, des vérificateurs, des gestionnaires et destinataires de fonds.
Aujourd’hui la plateforme Giveth met en relation des porteurs de projets d’utilité sociale qui proposent 1500 projets directement aux donateurs. La totalité des fonds sont versés aux OSBL sans aucune commission, seul frais ceux de la blockchain Ethereum. Quand aux frais pour l’organisation de la DAO derrière la plateforme, elle est entièrement financée par des dons.
L’organisation promeut aussi “une économie qui appartient et est gouvernée par ceux qui donnent”. Ils ont pour cela lancé plusieurs initiatives et services comme le fait de donner des jetons GIV aux donateurs pour ensuite pouvoir voter sur les décisions et la stratégie de la DAO de Giveth, selon leur volume de jetons. Les implications et initiatives sont plus détaillées dans le rapport complet.
4. Quel enjeu pour le fundraising de demain sur les crypto-actifs selon Blockchain for Good ?
Selon le Pew Resarch, 16 % des Américains déclarent avoir déjà investi, négocié ou utilisé des crypto-actifs et ce chiffre monte à environ quatre Américains sur dix et deux Américaines sur dix parmi ceux âgés de 18 à 29 ans. En France, une étude publiée en février 2022 par l’Association pour le développement des actifs numériques (Adan) rapporte que 8 % des Français ont également déjà investi dans des crypto-actifs, un chiffre qui s’élève à 12 % pour les moins de 35 ans. Un potentiel intéressant pour développer la générosité et rajeunir nos bases donateurs !
Et les dons de NFT ? Cette question est abordée avec plusieurs initiatives de philanthropie à partir de la page 317. Nous vous laissons lire l’étude complète de Blockchain for Good à retrouver ici : “Blockchains & développement durable”
Découvrez également notre dossier dédié au fundraising et aux blockchains ici : francegenerosites.org/fundraising/digital-fundraising/#blockchain
Article écrit par Corentin Hue, Chargé de projet digital chez France générosités. |