Nonprofit Pulse 2024 Report – EFA – avril 2024
Publié le 18.04.2024
L’European Fundraising Association (EFA), en collaboration avec le Chartered Institute of Fundraising (CIOF) et Salesforce, vient de publier la 4ème édition de son rapport "Nonprofit pulse 2024 : tracking change in Europe and the development of AI". Cette étude analyse les évolutions et challenges du secteur caritatif en Europe, avec un nouveau focus cette année sur l’utilisation de l’IA.
Méthodologie :
Ce rapport se base sur une enquête en ligne menée, en novembre 2023, auprès de 671 représentants d’organisations caritatives de 20 pays européens, les plus nombreux étant : le Royaume-Uni (27%), l’Allemagne (21%), la France (18%) et les Pays-Bas (17%).
Les organisations interrogées sont de taille assez homogène (dont un cinquième de petites organisations et un cinquième de très grandes) couvrant un large éventail de causes, avec une plus forte représentativité dans la défense/protection des enfants et des jeunes, les services humains/sociaux et les causes liées à la santé. Le rapport de cette étude donne également la parole à de nombreux experts de toute l’Europe qui analysent et éclairent des résultats marquants pour le secteur en 2024 et au-delà.
Un secteur encore impacté par les conséquences de l’inflation
Dans toute l’Europe, les organisations caritatives subissent encore les conséquences de la crise du coût de la vie. En 2023, la demande de services et les coûts continuent d’augmenter, tandis que les organisations font état d’un resserrement des dons et des financements, nombre d’entre elles constatant également une diminution de l’aide gouvernementale.
- 28 % des personnes interrogées ont vu la demande de services augmenter, tandis que 28 % ont vu les revenus provenant des dons diminuer, et 26 % ont connu une baisse du nombre de sympathisants.
- 20 % ont dû puiser dans leurs réserves, tandis que 28 % ont licencié du personnel.
- La charge de travail et le bien-être du personnel ont été des problèmes majeurs pour respectivement 37 % et 26 % des personnes interrogées.
Toutefois, l’étude souligne que si chacun de ces défis constitue un problème pour une proportion significative des répondants à l’enquête, les pourcentages ont diminué par rapport à 2022, signe d’une certaine amélioration.
Recrutement, formation et bien-être du personnel : un grand défi pour le secteur
- Pour 29% des personnes interrogées “les relations et le bien-être des employés ainsi que la qualité de la culture organisationnelle” sont devenus prioritaires en 2023.
L’augmentation des coûts et la diminution des dons, parallèlement à la croissance significative de la demande de services, signifient inévitablement qu’il faut faire plus avec moins. Dans le même temps, en raison des contraintes financières, certaines organisations ont été obligées de réduire leurs effectifs (28% des répondants), ce qui ne fait qu’aggraver le défi pour les petites équipes qui doivent atteindre des objectifs ambitieux en matière de collecte de fonds pour faire face à l’augmentation des demandes.
Le rapport insiste sur l’importance, dans l’ensemble du secteur, de remédier à l’épuisement du personnel et au manque croissant de compétences, notamment en digital. En effet, parallèlement à la formidable croissance et évolution des techniques numériques, le besoin de formation pour en tirer le meilleur parti reste une priorité majeure, identifiée par 29 % des participants en 2023. Il s’agit d’un problème important dans l’ensemble du secteur, le manque de compétences digitales affectant désormais tous les domaines au sein d’une organisation à but non lucratif.
La collaboration au premier plan pour le secteur caritatif
- 22% des répondants disent “Travailler en plus grande collaboration avec d’autres organisations à but non lucratif” en 2023 (contre 19% en 2022).
Lorsque les ressources sont limitées, comme actuellement, pour tant d’organisations en Europe, travailler avec d’autres est un moyen précieux de tirer le meilleur parti de ce qui est disponible et de trouver des solutions à des défis communs.
Le rapport précise que, ces dernières années, les collaborations entre les organisations à but non lucratif se sont développées sur les questions politiques et les changements législatifs. Plus récemment, avec les changements brusques apparus en temps de COVID, des conversations ont eu lieu sur la façon de s’attaquer à des problèmes communs.
Le développement du digital reste un domaine d’action prioritaire
- 23 % des personnes interrogées en 2023 déclarent que le digital et la diversification des canaux restent des priorités.
Il s’agit toutefois d’une baisse significative par rapport à l’année précédente, où 38 % des répondants les avaient identifiés comme tels. L’accélération spectaculaire du numérique depuis la période Covid-19 tend surement à se stabiliser naturellement : de plus en plus d’organisations ayant adopté la collecte digitale avec une diversification de fait des canaux qu’elle peut offrir.
En 2023, les canaux digitaux sont les plus populaires pour la collecte de fonds et l’engagement à travers l’Europe :
- les réseaux sociaux (51 % des répondants)
- le site web (47 %)
- l’e-mail (46 %)
Si l’on compare avec 2022, on constate que les trois principaux canaux de collecte sont restés les mêmes, bien que l’ordre ait changé.
Cependant, quelques changements signalés par rapport à 2022 :
- Les participants à l’enquête ont fait état en 2023 d’une augmentation de l’utilisation des Social Ads, et la messagerie instantanée est entrée dans le top 10 des canaux pour la première fois
- L’étude révèle une diminution de l’utilisation du téléphone et du courrier : en 2022, 44% des organisations utilisaient encore ces canaux, alors qu’en 2023, ce chiffre tombe à 27 % pour le courrier et à 23 % pour le téléphone.
Retour aux événements en présentiel
- En 2023, 20% des répondants organisent des événements virtuels et hybrides, contre 46% en 2022
Les rapports précédents faisaient état d’un passage massif aux événements virtuels et hybrides, les organisations à but non lucratif ayant été contraintes d’interrompre leurs activités pendant les années de pandémie.
Si l’accès à distance a certainement sa place pour favoriser la participation, les organisations ont également constaté que les événements en ligne peinent à produire des résultats aussi probants en termes d’argent collecté et de relations nouées que les activités en présentiel. Selon ce rapport : “Il semble que nous assistions à un retour vers l’interaction en personne et l’énergie, l’émotion, l’empathie et l’inspiration qu’elle peut apporter lorsque les gens se rassemblent.”
Quel est le rapport à l’IA dans le secteur ?
Afin d’interroger les organisations à but non lucratif sur leur rapport à l’IA et à son utilisation potentielle, le rapport de cette année inclut un focus sur le sujet.
Les réponses font apparaître une maturité et un rapport contrastés au sein des organisations interrogées :
- 13% utilisent l’IA
- 21% sont en cours d’exploration
- 19% sont réfractaires à l’utilisation de l’IA (15%) ou ne font pas confiance (4%)
- 45% des personnes interrogées se sont déclarées “optimistes mais prudentes” et/ou “désireuses d’en savoir plus”
Sans négliger ou minimiser les risques et les préoccupations éthiques auxquels il faut réfléchir attentivement, les auteurs de ce rapport invitent les organisations à but non lucratif à évaluer les opportunités que l’IA offre : “Elle peut soutenir le personnel et les organisations, repérer les tendances des données, identifier les possibilités de générer un contenu plus attrayant et de fidéliser les sympathisants. Elle peut également réduire la charge de travail dans certains domaines, tels que les tâches administratives, ce qui laisse plus de temps pour s’engager avec les sympathisants et se rapprocher de la cause.”
Accéder à l’intégralité du rapport de l’EFA “Nonprofit pulse 2024 : tracking change in Europe and the development of AI” :
Article écrit par Nadège Rodrigues Directrice études et communication |
Pour accéder à toutes les ressources du secteur de la générosité et du fundraising : Notre Centre de ressources.
Pour recevoir les études en avant-première, cliquez ici.