Les effets de l’éducation à la philanthropie sur les étudiants

L’article « Teaching Student Philanthropy » d’Alison Body et Emily Lau s’intéresse aux modules pédagogiques intégrant la générosité dans les programmes universitaires. Plus particulièrement, les autrices évaluent l’effet sur les étudiants de la mise en place d’un programme de « student philanthropy » dans l’Université de Kent et se basent sur leurs résultats pour délivrer les clefs du succès de ces programmes.

Le module pédagogique de l’Université de Kent est constitué de 11 cours en lien avec la philanthropie qui sont systématiquement suivis d’un atelier de travail, l’objectif final étant que les étudiants prennent collectivement une décision réelle de don – ici le versement de 1500£ a une organisation locale.

La recherche menée par A. Body et E. Lau répond à deux questions : Quels sont les effets des programmes d’éducation à la philanthropie sur les étudiants ? Quels leviers permettent de sécuriser la réussite de ces programmes ?

Méthodologie : Les effets du module pédagogique ont été évalués sur 15 étudiants participant au programme. Ces effets ont été mesurés de deux façons :

Avant, pendant et après leur participation, les étudiants devaient commenter les différents aspects du programme dans un « journal de réflexion ».
A la fin du module pédagogique, les autrices ont mené 4 entretiens semi-directifs avec 4 de ces étudiants.

Quels sont les effets de l’éducation à la philanthropie ?

Dans un premier temps, les autrices s’appuient sur une large littérature académique mesurant les effets des programmes pédagogiques d’éducation à la philanthropie.

Des effets sur les compétences civiques…

Le premier effet des programmes d’éducation à la philanthropie mis en avant dans la littérature académique est l’amélioration des compétences civiques des élèves. Ces modules permettent de développer une variété de compétences civiques telles que la prise de décision collective, l’écoute de points de vue différents, la connaissance des questions sociales et l’implication dans des actions sociales en réponse à ces questions.

Certaines études ont néanmoins souligné des limites éventuelles de cet effet en montrant que certains programmes ne parviennent pas à challenger le statu quo et à apporter un point de vue critique sur les enjeux sociétaux.

…. De long terme

Différentes études ont également pu démontrer l’existence d’effets de plus long terme sur les étudiants ayant suivi ce type de programme : les participants ont plus de chance par la suite de devenir bénévoles et de siéger dans les Conseils d’Administration des associations et fondations que le reste de la population.

Et transposables à différents contextes nationaux !

Ces effets de court et long terme ont été étudiés dans le cadre de la mise en place des programmes d’éducation à la philanthropie dans différents pays. Les études montrent que ces programmes sont transférables à différents contextes nationaux avec des résultats similaires sur les participants.

Quels effets du programme de « student philanthropy » dans l’université de Kent ?

Les autrices se concentrent, grâce à la finesse de leur terrain, sur d’autres aspects bénéfiques du programme sur les participants.

Un des effets mis en avant est la prise de conscience de la diversité des points de vue existants dans la société. Ainsi plusieurs étudiants notent :

Qu’ils ont des comportements généreux alors qu’ils n’en avaient pas conscience ;
Que la définition de la générosité dépend des communautés ;
Que les définitions individuelles de la générosité dépendent donc de l’appartenance communautaire.

L’application du matériel théorique vue lors des cours a également permis de construire auprès des étudiants de la confiance envers le secteur associatif et fondatif.

Quels leviers assurent la réussite des programmes d’éducation à la philanthropie ?

En s’appuyant sur les effets des modules pédagogiques d’éducation à la philanthropie, les autrices dégagent trois éléments essentiels à la réussite de ces programmes :

Le programme doit challenger la vision de la générosité des participants
Le programme doit assurer la représentation d’une diversité de point de vue dans l’espace de discussion
Le programme doit faire intervenir une multitude de parties prenantes pour témoigner de leurs activités et montrer ainsi la transparence des actions menées par le secteur

Ces trois leviers assurent la réussite des programmes d’éducation à la philanthropie en permettant de donner du poids à la décision finale de don.

Lucy PFLIGER
Ingénieure d’études

Pour en savoir plus, consultez la fiche de l’ERNOP réalisé par Lucy Pfliger en anglais sur ce rapport en cliquant ici.

Et l’article complet est ici : Teaching student philanthropy – Alison Body, Emily Lau – 2023