Le don est-il vecteur de cohésion sociale ?

En seconde partie du colloque 2022, nous avons souhaité réunir plusieurs experts pour apporter des pistes de réponses aux questions suivantes : en 2022 dans le climat sociétal actuel, le geste de donner est-il en voie de désengagement ? Le don est-il vecteur de cohésion sociale et/ou la cohésion sociale est-elle facilitatrice de don ? Quelles pistes de solutions pouvons-nous tracer ensemble ? Replay audio disponible ici.

Pour revenir sur ces échanges, nous avons voulu poser 3 questions à Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégie d’entreprises de l’IFOP :

Quelle place pour la générosité dans notre société Française ?
Le don en 2022 est-il perçu comme un acte de pouvoir citoyen, une continuité à l’impôt ou au contraire un privilège ?
Comment les organisations d’intérêt général peuvent-elles être vecteur de lien social grâce au don ?

Quelle place pour la générosité dans notre société Française ?

La société Française se caractérise contrairement à d’autres pays occidentaux par une très forte socialisation des dépenses avec un niveau de prélèvement obligatoire qui est très important et un système de redistribution sociale qui est parmi les plus développés au monde. Néanmoins, cette socialisation de la solidarité n’a pas éteint la générosité du public qui continue à se manifester, à un niveau très élevé. Avec, au regard de nos études, une concentration sur certains types de public qui sont : les publics les plus âgés et les publics les plus aisés. Nous avons une perte, au long court, de donateurs parmi les publics les plus jeunes et les plus modestes, même si au global, cette générosité reste importante.

Le don en 2022 est-il perçu comme un acte de pouvoir citoyen, une continuité à l’impôt ou au contraire un privilège ?

Le don fait toujours appel au même type de ressort : Une réponse à une demande de générosité, un engagement de la part des donateurs… Mais il peut aussi entrer en concurrence si on peut dire avec d’autres formes de sollicitations comme celles obligatoires, avec un niveau de prélèvement obligatoire qui est important d’une part et d’autres parts, la fameuse problématique des dépenses contraintes qui augmentent avec l’inflation et donc qui obèrent le pouvoir donateur d’un certain nombre de personnes qui habituellement donnaient et qui aujourd’hui sont un peu plus gênés.

Comment les organisations d’intérêt général peuvent-elles être vecteur de lien social grâce au don ?

Dans cette société française que j’ai décrite comme étant fragmentée, voire archipellisée, à côté des services publics qui demeurent très importants dans notre pays, les organisations qui font appel à la générosité du public et plus globalement tout le secteur associatif joue un rôle éminent, un rôle central qui consiste à maintenir un lien, une cohésion et essayer de mobiliser une partie de la générosité des Français vers des causes particulières ou d’intérêt général. On voit que dans notre société archipellisée, ces ONGs, sont un des ciments les plus efficaces qui demeurent pour maintenir une cohésion, un lien entre les différentes îles de l’archipel. On a assisté au Téléthon, et on voit bien que des importantes machines comme celle-ci et on pourrait parler d’autres pour ne pas faire de publicité : Restos du Coeur, Secours Populaire, Secours Catholique… sont des associations très puissantes, qui ont pignon sur rue, et qui permettent encore de fédérer des individus qui viennent d’horizons divers pour une cause d’intérêt général, donc c’est un rôle très important pour le pays que remplissent ces associations.

Merci à Jérôme Fourquet pour avoir répondu à nos questions !

Toutes les actualités, les insights et ressources du secteur du fundraising à recevoir en avant-première c’est par ici.

Replay audio de la table ronde de notre colloque avec Jérôme Fourquet, Camille Chaserant, Charles Sellen et Charlène Petit disponible ici.