Interview de Maxime Baduel – 8 mars 2024

Interview de Maxime Baduel, Délégué ministériel à l’Économie sociale et solidaire de la France, réalisée par Fatima Bellaredj, Déléguée Générale chez Confédération Générale des Scop : “Merci pour cet entretien sur l’égalité femmes hommes. Pour la commission l’égalité femmes hommes que j’ai le plaisir de présider, nous avons quelques questions, notamment pour la journée du 8 mars.”

1. Quelles sont vos idées pour soutenir la commission dans la réalisation de ses objectifs ?
2. Quelles sont les préconisations qui vous semblent les plus urgences à mettre en place ?
3. Quelle est votre vision d’une ESS égalitaire et comment pouvez-vous faire avancer ce combat au sein de l’ESS ?
4. La Ministre Olivia Grégoire avait nommé en 2021 des ambassadrices de l’égalité dans l’ESS. Pensez-vous reconduire cette initiative ?

 

Quelles sont vos idées pour soutenir la commission dans la réalisation de ses objectifs ?

Maxime Baduel : “Merci à la commission l’égalité femmes hommes d’avoir fait l’ensemble de ces propositions. Je trouve très intéressant ces rapports triennaux et je trouve que c’est particulièrement important de mettre en avant ces différences de traitement. Parce que c’est vrai que aussi bien dans la représentation des femmes, que dans les organes de gouvernance, on se rend compte qu’on n’est pas encore aux objectifs, aussi bien dans l’accès au financement, on se rend compte d’une forme de paradoxe entre des femmes qui gèrent des structures qui sont plus performantes économiquement mais qui ont moins accès aux financements. Donc je pense que vous avez la bonne dose dans ces propositions. Ce qu’il faut faire, c’est montrer, éduquer, développer.

1. Montrer les inégalités de traitement, montrer les injustices et donc la-vous le rappeler très bien, c’est renforcer la statistique, renforcer les indicateurs qui montrent les différences de traitement.
2. Eduquer : Quand on parle d’accès au financement, il faut montrer les différences de traitement. Il faut expliquer qu’on peut lever ces tabous, ces freins psychologiques. Il faut éduquer aussi sur la place des femmes dans la gouvernance des entreprises, dans des postes de management, de dirigeantes.
3. Ensuite il faut développer. Ça veut dire qu’il faut trouver des dispositifs à activer, notamment sur l’accès aux investissements par les banques publiques. Je pense qu’il faut poursuivre ce travail dans le Conseil supérieur de l’ESS. Il faut que ça puisse abonder l’ensemble des réflexions de notre feuille de route. Et il faut aussi, après, travailler en inter-ministérialité pour mettre en avant ces différences de traitement et les solutions que vous voyez, que nous voyons pour lever ces injustices.”

 

Quelles sont les préconisations qui vous semblent les plus urgences à mettre en place ?

Maxime Baduel : “Moi, je pense que vraiment l’accès au financement, ça m’a bluffée. Je trouve qu’il y a un paradoxe. On ne peut pas parler de développement économique sans se rendre compte que, finalement, les femmes ont moins d’accès aux financements alors que leurs structures sont beaucoup plus performantes économiquement. Mais il y a un paradoxe qui, je pense, me semble purement psychologique et c’est là qu’est vraiment l’éducation, la preuve est extrêmement puissante parce qu’en plus elle est irréfutable. En plus il y a des réseaux de femmes entrepreneurs, des réseaux de femmes dans l’investissement et dans le capital.”

 

Quelle est votre vision d’une ESS égalitaire et comment pouvez-vous faire avancer ce combat au sein de l’ESS ?

Maxime Baduel : “Déjà, je trouve que c’est quand même une victoire. C’est une victoire pour l’égalité, c’est une victoire pour la représentativité, comme je le disais. Donc, je suis particulièrement heureux de la publication des derniers décrets qui instaure ces coprésidences dans chaque commission. Parce qu’en fait l’ESS c’est touche tous les problèmes de société et ne peut pas se faire sans la moitié de l’humanité. Donc je pense que c’était quand même la justice de base à rendre au Conseil supérieur de l’ESS. Maintenant, il faut poursuivre. Il faut dire qu’au-delà du fait d’instaurer ces coprésidences, il faut montrer en quoi est-ce que ça va changer la façon de conduire les travaux ? En quoi est-ce que ça va infuser aussi les réflexions sur la feuille de route ? On avait aussi lancé un principe d’ambassadrice pour les têtes de réseau. Ça aussi, ce sont des chantiers qui sont particulièrement importants pour regarder famille par famille : où sont les freins à lever ? Où sont peut-être les psychologies qui bloquent pour avancer.”

La Ministre Olivia Grégoire avait nommé en 2021 des ambassadrices de l’égalité dans l’ESS. Pensez-vous reconduire cette initiative ?

Maxime Baduel : “Oui. On ne peut pas avoir un discours aussi autant dans la promotion et puis s’arrêter là. Je trouve que c’est particulièrement intéressant et important parce que, en fait, il y a la façon de voir l’ESS comme mode de développement économique territorial. Très macro. Et donc ça les coprésidences vont participer en fait de la représentative et de la performance de notre politique publique.

Et là on rentre dans une technicité où il n’y a que ces ambassadrices dans ces grandes familles qui peuvent remonter soit parce qu’elles l’ont vécue, soit parce qu’elles voient chez leurs camarades de famille ces inégalités de traitement, ces problèmes à lever. Et donc c’est pour ça qu’il faut poursuivre ça. Et il faut pouvoir en faire un moment une restitution en plénière des dix objectifs à se donner par familles mis en avant par les ambassadeurs.”

 

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• Notre étude 2024 sur la parité au sein des organisations membres de France générosités
• Edito de Laurence Lepetit, déléguée générale de France générosités “Faire progresser l’égalité femmes-hommes dans les gouvernances“
• Dossier thématique sur la parité au sein du secteur associatif à retrouver ici : La Parité au sein du secteur associatif

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