Fundraising par la blockchain : 3 questions à Hubert Chaminade

Retour avec notre expert du jour, Hubert Chaminade, Digital Fundraising Consultant à UNICEF Viet Nam, sur les initiatives et enjeux du fundraising par la blockchain.

As-tu une initiative de collecte inspirante à nous partager avec les cryptomonnaie et NFT ?

“Il y a eu de nombreux tests depuis deux ans avec la popularisation du système de token non fongible (NFT). Ces tokens permettent, entre autres, de créer le titre de propriété d’un objet virtuel unique. Tous les tests de collecte en NFT fonctionnent sensiblement sur le même principe, qui est, assez simplement, de revendre ces NFT, au profit d’une association.

Pour UNICEF en particulier, nous avions été parmi les premiers à tester le principe avec les NFT Lapins Crétins et Ubisoft en 2020, qui consistait à acheter en Ether un Lapin Cretin avec un apparence particulière. Les ethers étant versés directement sur le « Wallet » de UNICEF France. Par la suite nous avons eu d’autres exemples notamment avec Sandbox, un monde virtuel dans lequel les avatars et les terrains de construction sont des NFT. Ainsi un terrain UNICEF dans ce monde virtuel a été vendu aux enchères pour 465 ETH, l’équivalent a l’époque de 320 000€ (et à ce jour de 700 000€). Un autre exemple plus récent, en décembre dernier UNICEF a lancé la plus grande vente aux enchères de NFT en proposant 1000 œuvres digitales pour les 75 ans de l’UNICEF dans le but de connecter les écoles les plus reculées du monde.”

Avec la blockchain, la collecte devient-elle plus internationale voire globale ?

“Par nature oui, le principe même de la blockchain est qu’elle soit décentralisée, et en particulier pour le bitcoin, qu’elle soit publique, ouvert, sans frontière, neutre et résistant à la censure (je vous conseille notamment de regarder les vidéos de Andreas Antonopoulos, le grand spécialiste bitcoin, à ce sujet pour en comprendre l’intérêt). Toutes des qualités qui en font un système accessible à tous, à tout moment, partout dans le monde. Cela nous posait d’ailleurs initialement quelques problèmes en tant que UNICEF France dans un cadre ou l’agence est organisée par pays et cela remet en question ce fonctionnement.”

Quels sont les enjeux à venir du fundraising par la blockchain ?

“L’enjeu principal est pour moi le même depuis quelques années, les cryptomonnaies sont considérées assez peu encore pour leurs fonctionnalités intrinsèques (comme par exemple la rapidité des échanges, la désintermédiation, la baisse des frais, l’accessibilité, la non-soumission aux frontières, …) mais plus comme un objet de spéculation. Il n’y a donc qu’assez peu d’intérêt à faire ses dons en cryptomonnaie à part le fait de vouloir encourager la technologie en question ou encourager l’initiative de collecte de ce type ou peut être encore faire le pari que votre don vaudra plus cher dans quelques temps. Mais ce sont des motivations assez faibles au final et de la même façon nous recevons peu de dons en portefeuille d’actions par exemple. Il faut donc plus se concentrer sur les capacités de ces nouvelles technologies ce qu’elles offrent comme avantages pour des organisations comme les nôtres et comment les exploiter plutôt que d’espérer recevoir des dons en cryptomonnaie à la place des dons en monnaies fiduciaires tant que ces cryptos ne sont pas utilisées comme monnaie elles-mêmes.”

Hubert Chaminade, Digital Fundraising Consultant à UNICEF Viet Nam, ancien chef du digital fundraising et de l’innovation à UNICEF France

Pour en savoir plus sur le fundraising par la blockchain, découvrez 5 initiatives inspirantes à l’international selon Charlène Petit dans cet article : “NFT et Philanthropie“