Le don pour les nouvelles générations : Interview de Charlène Petit
Publié le 13.12.2022
"On est en train de passer d’une logique d’audience à une logique de communauté, à savoir qu’une audience elle peut vous oublier, alors qu’une communauté elle vous suit ! [...]" Le don est-il en voie de désengagement ? Quelle place les associations peuvent avoir dans ce nouveau monde ?
En seconde partie du colloque 2022, nous avons souhaité réunir plusieurs experts pour apporter des pistes de réponses aux questions suivantes : en 2022 dans le climat sociétal actuel, le geste de donner est-il en voie de désengagement ? Le don est-il vecteur de cohésion sociale et/ou la cohésion sociale est-elle facilitatrice de don ? Quelles pistes de solutions pouvons-nous tracer ensemble ? Que signifie le don pour les nouvelles générations ? Replay audio disponible ici.
Pour revenir sur ces échanges, nous avons voulu poser 4 questions à Charlène Petit, fondatrice de Facteur D, créatrice de FILantropio, le premier podcast francophone et indépendant qui démystifie la philanthropie, et de Vitamine G, la newsletter mensuelle qui parle de générosité sous toutes ses formes.
- Le don est-il en voie de désengagement ?
- Quelle place les associations peuvent avoir dans ce nouveau monde ?
- Quelles sont les nouvelles formes de générosité ?
- Quels leviers pour acquérir de nouveaux donateurs ?
1. Le don est-il en voie de désengagement ? Que signifie le don pour les nouvelles générations ?
Est-ce que le don est en voie de désengagement ? Je ne suis pas sûr, je pense qu’il est en voie de transformation. Là où nos aînés donnaient vraiment par tradition, par habitude et même par loyauté. On voit que les générations suivantes et en particulier les plus jeunes générations veulent choisir véritablement à qui donner, veulent créer du lien avec les associations, la question de la relation elle est vraiment centrale.
Si on observe plus spécifiquement les comportements de la génération Z, on s’aperçoit que c’est une génération pour qui la communauté de destin est plus importante que la communauté d’intérêt. Une génération qui a une vision très féminine de la société et qui accorde une grande importance à la logique de l’attention. Une génération qui vit également en tribu dans lesquelles elles peuvent cultiver un sentiment d’appartenance et de partage.
2. Quelle place les associations peuvent avoir dans ce nouveau monde ?
Au cours des 20 dernières années, on a vraiment assisté à l’essor des médias sociaux sauf que des experts aujourd’hui leur prédisent une mort lente. Donc il semblerait qu’on entre dans l’ère du média plus que jamais ! Et les associations qui vont tirer leur épingle du jeu sont celles qui vont se raconter en continu. L’ère du média présente plusieurs avantages notamment la création de nouveaux canaux d’acquisition et de communication, moins tributaires de la publicité payante, des algorithmes et qui permettent de tisser des liens plus en profondeur, d’avoir une communication aussi plus bidirectionnelle avec ses membres, ses parties prenantes et moins top-down.
Ce qu’il faut vraiment retenir c’est qu’on est en train de passer d’une logique d’audience à une logique de communauté, à savoir qu’une audience elle peut vous oublier, alors qu’une communauté elle vous suit !
3. Quelles sont les formes de générosité, de don pour les nouvelles générations ?
On voit également apparaître de nouveaux modes de collectes autour du micro-don et du multi-don, qui sont des plateformes qui permettent de solutionner l’hyper choix, ou d’œuvrer en faveur d’une plus grande découvrabilité en faveur d’associations plus petites ou plus locales.
Par exemple, il y a le projet “Better” en Belgique qui a pour vocation à créer plus ou moins le “Netflix de la générosité”, visant les néophilanthropes. Alors le principe est très simple : Il s’agit de souscrire à un abonnement philanthropique digital à partir de 5€ par mois et qui permet de soutenir une nouvelle association chaque mois. Un des leviers va être d’aller chercher les publics éloignés de la philanthropie institutionnelle, à commencer par les communautés digitales.
4. Quels leviers pour acquérir de nouveaux donateurs ?
Il y a également les communautés multiculturelles qui sont l’avenir de la générosité. Ce sont des communautés qui sont extrêmement généreuses avec leur diaspora, mais également avec leurs sociétés d’accueil. Le seul problème, c’est qu’elles ne sont pas rejointes par les institutions philanthropiques traditionnelles. Au Canada, il y a eu un sondage effectué par Imagine Canada, qui a révélé que 39% des membres des communautés multiculturelles seraient prêtes à donner davantage ou à faire plus si on les sollicitait davantage. Donc il y a vraiment cette idée que la philanthropie doit refléter les communautés qu’elle aspire à servir.
Merci à Charlène Petit pour avoir répondu à nos questions sur le don pour les nouvelles générations !
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Replay audio de la table ronde de notre colloque avec Jérôme Fourquet, Camille Chaserant, Charles Sellen et Charlène Petit disponible ici.